
Le droit à l’erreur n’est pas une faute, c’est le devoir d’apprendre
« J’ai peur de me retrouver en faute si je commets une erreur ! »
Voilà en synthèse la confidence que nous font régulièrement les personnes que nous accompagnons en coaching.
Il y a dans ce témoignage, une
double révélation :
1- La confusion fréquente entre erreur et faute.
2- L’existence ou la perception d’un environnement anxiogène.
Reprenons l’étymologie des mots pour en comprendre leur origine et leur sens profond.
En première approche, on peut en déduire qu’en faisant une erreur cela signifie que nous ne sommes pas sur le chemin prévu ou que nous faisons « fausse route » et qu'il serait alors temps de revenir sur le « droit chemin ! ».
Mais en y regardant de plus près, faire un détour permet d’aller voir là où on ne va pas d’habitude, de découvrir de nouveaux chemins, de nouvelles informations, voire d’avoir un autre point de vue sur la situation habituelle.
Cette « errance » laisse de la place au hasard, à la curiosité, à la découverte, à l’innovation. Elle permet d’attirer l’attention et de requestionner les habitudes et les pratiques. Elle permet de s’enrichir, de se renforcer, de progresser.
« Se tromper » signifie
littéralement « tromper soi-même », pas tromper les autres !
« Se tromper » illustre que mon comportement, mon action ne traduit pas fidèlement mon intention :
ex. « Je voulais marquer mais j’ai raté mon geste ».
Mon comportement ne trahi pas fidèlement mon
intention, il traduit une inattention. Nous sommes tous maladroits dans nos comportements et il est trompeur de croire que nos actions reflètent exactement nos intentions.
Cette différence et ce regard objectif ouvre de
nouvelles perspectives de progression :
- Je
peux déculpabiliser car mon erreur n’est pas intentionnelle, elle est le fruit
d’une maladresse ou d'un biais.
- En observant le processus qui m’a fait prendre une « route différente », je peux apprendre et corriger en conscience et réajuster à la prochaine occasion.
- En observant les résultats obtenus par suite d’une erreur, je peux éventuellement découvrir des informations nouvelles et utiles que je n’aurais pas trouvées autrement (ie. la sérendipité). L’histoire est remplie d’innovations survenues par ce processus.
- En revenant à mon intention, je peux redéfinir mon objectif et construire de nouveaux comportements.
L’erreur est l’alliée indispensable de l’apprentissage si elle est accompagnée du processus « J’essaye -> J’observe -> J’analyse -> Je réajuste -> Je refais »
⚠️ Si une erreur n’est pas suivie de ce processus et qu’elle est répétée plusieurs fois à l’identique, alors cela peut relever de la « faute ». ⚠️
Une faute est une négligence grave, un manquement volontaire à un devoir, une règle, une loi. Une faute est intentionnelle.
Tromper signifie « nuire à l’autre », en creux nous pourrions en déduire qu’une faute va dans mon intérêt, alors qu’une erreur nuit à mon intérêt.
La correction d’une faute peut nécessiter des interventions externes, des mesures disciplinaires ou des rappels au cadre. Sa correction permet de maintenir un cadre de sécurité à l’intérieur duquel les erreurs doivent être permises voire encouragées.
Alors déculpabilisez, apprenez et adaptez !
Les bénéfices de l’erreur sont aujourd’hui très documentés dans les processus d’apprentissage, d’innovation, d’adaptation. Dans un monde incertain, imprévisible et fluctuant, ce sont des processus qui favoriseront la robustesse des individus et des organisations. Considérer l’erreur comme une faute revient à bloquer l’expérimentation, l’adaptabilité et donc la survie à moyen terme.
Faites des erreurs et retenez que « le droit à l’erreur » c’est « le devoir d’apprendre ».